La Grande Sophie au Casino de Paris, 13/05/09Mon premier concert au Casino de Paris. Ce soir la file d'attente est un vague troupeau aggloméré à l'intérieur du hall du théâtre, attendant l'ouverture des portes. Aucun chevelu à l'horizon, aucun tee-shirt de groupe avec un logo illisible, aucune gothique en cuir ultra maquillée, aucun barbu qui gueule "bièèèèère".
Ce soir ce n'est pas un concert métal, c'est de la variété, de la Chanson Française : il s'agit de La Grande Sophie. L'artiste, au terme d'une grande tournée française de promotion pour son dernier album "Des vagues et des ruisseaux", revient à Paris pour un concert événement.
La salle n'est pas un Casino où l'on trouve des jeux d'argent, mais un grand théatre parisien du 18ème siècle où ont lieu divers spectacles et divertissements. L'endroit est spacieux, mais complètement enfumé par les fumigènes. Dans ce brouillard de guerre, les gens entrent petit à petit, et s'assoient par terre devant la scène en attendant de début du concert. D'autres sont placés aux balcons, qui surplombent la scène, mais qui je trouve sont trop loin... Je préfère me mettre dans la fosse (enfin, ici on dira plutot "orchestre debout",
). La scène est large est profonde, et surtout très haute. En backdrop, un gros carré de panneaux lumineux, qui servira à illuminer le show de La Grande Sophie. Ayant déjà vu son concert lors de l'ouverture de sa tournée, en début d'année à Paris également, j'espère qu'il y aura des surprises et des nouveautés.
Pas très à cheval avec les horaires, c'est avec une demi-heure de retard qu'entre en scène
Carmen Maria Vega, qui assure la première partie.
Accompagnée de deux musiciens, un contrebassiste et un guitariste, ce petit bout de femme est très typée méditerranéenne, Espagnole d'après son nom, lol
.
Sa voix ressemble parfois à celle d'Edith Piaf dans certaines sonorités, dans la force, la puissance et la conviction. Elle sait prendre une voix assez grave, parfois rauque quand elle a besoin de crier sa colère. Son débit de parole est absolument remarquable, ses textes sont riches et anticonformistes. Elle présente de façon originale des petits événements quotidens, sur le ton de l'humour. Les thèmes abordés traitent de la vie amoureuse, des relations professionnelles, de la fête, etc. La mise en scène, les enchainements ont tous été très travaillés, le résultat est impressionnant. C'est dynamique, ça donne la patate. Ils incitent le public à participer, à claquer des doigts, chanter et balancer les bras.
Grosse ovation, la prestation du trio et surtout celle de la jeune chanteuse a séduit le public.
Très très bonne découverte de première partie.
Une demi-heure plus tard, les lumières s'éteignent et
La Grande Sophie entre en scène. Très sobrement vêtue avec sa robe noire, elle saisit sa guitare et commence son set par "Celui Qui Me Suivait Dans La Rue", extrait de son dernier album.
Pour définir en deux mots, La Grande Sophie est une auteur-compositrice-interprète de la scène francophone. Ses chansons regorgent de textes sur la vie, les sentiments, l'identité, la perte de l'innocence.
Ce soir elle n'est pas seule, cinq musiciens l'accompagnent, dont Edith Fambuena, qui a réalisé son album (qui est aussi la réalisatrice attitrée d'Etienne Daho). Au clavier, un mec extraordinaire, qui sait jouer de tout : piano, trompette, harmonica, xylophone... A la basse, un grand ébouriffé au regard hagard... A la batterie, un homme qui se démène du mieux qu'il peut, il transpire, le bougre. Au violoncelle, une jolie jeune femme aux yeux transperçants...
Les titres s'enchainent, en mélangeant les chansons récentes ("Danser sur le disco", "Quelqu'un d'autre", "Dans le show business"...) avec les morceaux plus anciens, tels que "Du courage", "On savait", ou encore "Martin", grâce à laquelle elle s'est fait connaitre du grand public.
Certains morceaux sont calmes et lents, et font appel aux sentiments. D'autres sont beaucoup plus énergiques, et requièrent vigueur et dynamisme. La Grande Sophie pratique même non pas le
headbang, je n'irais pas jusque là, mais
l'agitation capillaire démesurée.
Le show est extrêmement bien mené, très travaillé, les jeux de lumières sont impressionnants. Les effets d'ombres et de lumières, les couleurs, les flashes, tout est calculé pour correspondre rigoureusement à la musique.
Le son est très bon, la salle dispose d'une acoustique excellente.
La Grande Sophie ne se sépare plus de ses fidèles accessoires de scène, la grosse caisse portative recouverte d'une fourrure violette, la corde à sauter lumineuse, le mini xylophone.
Le public réserve un excellent accueil à la chanteuse, et chante sans même y avoir été invité. Par exemple sur "Dans le show business", les gens n'arrêtent pas de chanter des "tudududu-dudu-ratatata"
Parfois ils insistent tellement que La Grande Sophie, à la fin d'une chanson, est obligée de revenir pour un dernier couplet qui n'était absolument pas prévu.
Elle interprétera également sa reprise très personnelle de "Dis quand reviendras-tu" de Barbara... Ainsi que "Du courage" en version acoustique.
C'est franchement excellent, on ne s'ennuie pas une seconde. Et pourtant, après 1h50 de concert, les musiciens quittent un à un la scène, s'arrêtant de jouer au fur et à mesure...
En rappel : "L'amour ca pardonne pas", avec une fin de concert absolument énorme, où tous les musiciens se donnaient à fond.
Au final, le set est sensiblement équivalent au concert qu'elle faisait "Toute seule comme une grande", à l'exception près que cette fois, elle était accompagnée par plein de talentueux musiciens. Le show est réglé au détail près, rien n'est laissé au hasard. Tout est d'une très grande qualité, c'est absolument mortel. Elle revient à l'Olympia en novembre, je crois que j'y retournerais très certainement. Après tout, je ne l'ai vue que cinq fois, lol!